Insuffisance professionnelle du salariĂ© protĂ©gĂ© : qu’en est-il des recherches de reclassement ?

Par |2022-09-23T11:08:20+02:00septembre 23rd, 2022|actualités, actualités générales|

Selon une jurisprudence constante du Conseil d’Etat, avant de procĂ©der au licenciement pour insuffisance professionnelle du salariĂ© protĂ©gĂ©, l’employeur doit chercher Ă  le reclasser (CE 7 dĂ©cembre 2009, n° 315588 ; CE 23 dĂ©cembre 2010, n° 333169).

L’absence de recherches de reclassement constitue un motif de refus d’autorisation de la rupture, par l’administration.

Or, et contrairement au licenciement Ă©conomique ou Ă  l’inaptitude, cette position du Conseil d’Etat n’est fondĂ©e sur aucune disposition lĂ©gislative ou rĂ©glementaire. La Cour de cassation n’a, d’ailleurs, jamais adoptĂ© une telle position pour les salariĂ©s « non protĂ©gĂ©s ».

Ce dĂ©faut de base lĂ©gale est l’un des Ă©lĂ©ments soulevĂ©s par la Cour administratif d’appel de Versailles dans une dĂ©cision du 17 juin 2022 (CAA Versailles, 17 juin 2022 ; n° 20VE02541). Aux termes de cet arrĂȘt, les juges vont Ă  l’encontre de la jurisprudence du Conseil d’Etat en jugeant qu’il n’existe aucun fondement juridique imposant une obligation de reclassement Ă  l’employeur, qui souhaite licencier un salariĂ© protĂ©gĂ© pour insuffisance professionnelle.

Ce faisant, pour la CAA, l’administration ne peut pas se fonder sur cette absence de recherche de reclassement pour refuser d’autoriser de licenciement.

Est-ce les prĂ©mices d’un revirement de jurisprudence en la matiĂšre ? A ce jour, et en l’absence de dĂ©cision du Conseil d’Etat en ce sens, le cabinet Norma Avocats incite Ă  la prudence : avant de licencier un salariĂ© protĂ©gĂ© pour insuffisance professionnelle, il faut chercher Ă  le reclasser.

Loi sur le pouvoir d’achat : focus sur l’intĂ©ressement

Par |2022-09-09T18:43:36+02:00septembre 9th, 2022|actualités, actualités générales|

La loi du 16 aoĂ»t 2022 dit de « pouvoir d’achat » est entrĂ©e en vigueur, aprĂšs sa publication au JO le 17 aoĂ»t 2022.

AprĂšs vous avoir exposĂ© les rĂšgles sur la Prime de partage de la valeur (PPV) dans un prĂ©cĂ©dent article, le cabinet Norma Avocats vous prĂ©sente les dispositions adoptĂ©es dans le cadre de l’intĂ©ressement.

La durĂ©e maximale des accords d’intĂ©ressement, ou des dĂ©cisions unilatĂ©rales de l’employeur est dĂ©sormais de 5 ans (contre 3 auparavant).

MĂȘme en l’absence d’accord de branche agrĂ©Ă©, les entreprises de moins de 50 salariĂ©s dĂ©pourvues de CSE ou de DĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux (DS), ont la possibilitĂ© de mettre en place l’intĂ©ressement par dĂ©cision unilatĂ©rale.

A compter du 1er janvier 2023, une procédure dématérialisée de rédaction des accords collectifs sera accessible sur internet. Cette procédure permettra de générer un accord ou une décision type, conforme à la loi et qui sécurisera les exonérations sociales et fiscales dÚs leur dépÎt sur la plateforme. Nous attendons néanmoins un décret sur ce point.

Jusqu’à prĂ©sent, la sĂ©curisation des exonĂ©rations reposait sur le contrĂŽle, par l’administration, de la validitĂ© des modalitĂ©s de conclusion de l’accord d’intĂ©ressement. A compter du dĂ©pĂŽt de l’accord sur tĂ©lĂ©accords, la Dreets disposait d’un mois pour effectuer son contrĂŽle et dĂ©livrer un rĂ©cĂ©pissĂ© de dĂ©pĂŽt.

A l’expiration du dĂ©lai d’un mois, l’accord Ă©tait alors transmis Ă  l’Urssaf chargĂ© d’examiner sa conformitĂ© aux dispositions lĂ©gales et rĂ©glementaires.

A compter du 1er janvier 2023, le contrĂŽle de la Dreets est supprimĂ©, seul subsistera celui de l’Urssaf dans les conditions actuelles:

  • L’Urssaf dispose d’un dĂ©lai de 3 mois pour demander le retrait ou la modification des clauses contraires aux dispositions lĂ©gales. A dĂ©faut, les exonĂ©rations sont acquises pour l’exercice en cours.
  • L’Urssaf dispose d’un dĂ©lai de 2 mois supplĂ©mentaire pour que l’entreprise se mette en conformitĂ©, pour les exercices ultĂ©rieurs Ă  celui du dĂ©pĂŽt.

Enfin, l’article L. 3314-5 du Code du travail est modifié : dĂ©sormais, le congĂ© paternitĂ© et d’accueil de l’enfant est assimilĂ© Ă  une pĂ©riode de prĂ©sence, lorsque la rĂ©partition de l’intĂ©ressement dĂ©pend de la durĂ©e de prĂ©sence dans l’entreprise.

Pour aller plus loin: La possibilité de rachat de RTT depuis le 18 août 2022

La possibilité de rachat de RTT depuis le 18 août 2022

Par |2022-09-09T16:29:11+02:00septembre 9th, 2022|actualités, actualités générales|

Depuis le 18 aoĂ»t dernier, certains salariĂ©s ont la possibilitĂ© de demander Ă  leur employeur Ă  convertir en salaire leurs RTT non pris et dĂ©jĂ  acquis au titre des pĂ©riodes postĂ©rieures au 1er janvier 2022 et allant jusqu’au 31 dĂ©cembre 2025 (article 5 de la loi du 16 aoĂ»t 2022 de finances rectificative pour 2022).

Pour bĂ©nĂ©ficier de la possibilitĂ© de monĂ©tiser des RTT, le salariĂ© doit avoir obtenu l’accord de son employeur.

Ce mĂ©canisme concerne les journĂ©es ou demi-journĂ©es de repos acquises en application d’un accord ou d’une convention collective instituant un dispositif de rĂ©duction du temps de travail (RTT).

Attention : Les salariĂ©s bĂ©nĂ©ficiant d’une convention de forfait en jours ne sont pas visĂ©s par ce dispositif, disposant dĂ©jĂ  d’une possibilitĂ© de « rachat » de leurs jours de repos en application de l’article L. 3121-59 du Code du travail.

  • Les rĂšgles du rachat des RTT:

Les journĂ©es ou demi-journĂ©es de RTT rachetĂ©es, et donc travaillĂ©es, sont payĂ©es en appliquant une majoration de salaire au moins Ă©gale au taux de majoration de la premiĂšre heure supplĂ©mentaire, soit 25 % (pouvant descendre jusqu’à 10% par accord collectif).

Les jours de RTT rachetĂ©s ne s’imputent pas sur le contingent d’heures supplĂ©mentaires.

  • Le rĂ©gime social et fiscal de ce nouveau dispositif:

Le rachat de RTT bénéficie du régime social et fiscal des heures supplémentaires :

  • exonĂ©ration de cotisations sociales dans certaines limites ;
  • exonĂ©ration d’impĂŽt sur le revenu dans la limite de 7 500 € par an. Les sommes versĂ©es au-delĂ  de cette limite redeviennent imposables.

Attention : les Ă©ventuelles heures supplĂ©mentaires ou complĂ©mentaires sont aussi comptĂ©es dans ce plafond de 7 500 € ;

  • soumission Ă  la CSG et Ă  la CRDS et prise en compte du revenu correspondant au rachat de RTT dans le montant du revenu fiscal de rĂ©fĂ©rence.

Voir aussi: Pouvoir d’achat : quelles sont les mesures prĂ©sentĂ©es par le Gouvernement ?

DĂ©passement du forfait jours et rachat des jours de repos sans accord Ă©crit

Par |2022-09-09T15:03:11+02:00septembre 9th, 2022|actualités, actualités générales|

En application de l’article L.3121-59 du Code du travail, le salariĂ© au forfait annuel en jours peut, en accord avec l’employeur, renoncer Ă  une partie de ses jours de repos contre rĂ©munĂ©ration.

L’accord entre l’employeur et le salariĂ© doit ĂȘtre Ă©tabli par Ă©crit et doit mentionner le taux de majoration applicable au rachat de ces jours.

En l’absence d’accord formel sur la renonciation aux jours de repos, la Cour de cassation a eu l’occasion de prĂ©ciser qu’un accord tacite entre l’employeur et le salariĂ© pouvait dĂ©clencher l’application de ce rĂ©gime juridique (Cass. soc., 26 janvier 2022, n°20-13.266).

La Cour de cassation est venue confirmer sa position, en indiquant que cet accord implicite pouvait ĂȘtre matĂ©rialisĂ© par le fait que le salariĂ© avait dĂ©passĂ© le nombre de jours prĂ©vu par sa convention de forfait, sans que l’employeur n’ait « rien mis en Ɠuvre pour Ă©viter la surcharge de travail » (Cass. soc., 6 juillet 2022, n°20-15.656).

Elle dĂ©duit de l’attitude de l’employeur, que ce dernier a admis la rĂ©alisation de jours de travail supplĂ©mentaires qui doivent donc lui ĂȘtre rĂ©munĂ©rĂ©s, dans le cadre du dispositif du « rachat de jours ».

Faisant application de la décision rendue en janvier dernier, les juges ont alors déterminé le montant de la majoration applicable à ces jours de travail supplémentaires, en précisant que le taux minimum applicable est de 10 %.

Voir aussi: Forfait jours – Entre autonomie du salariĂ© et pouvoir de direction de l’employeur

Aller en haut