Rappels sur le licenciement pour inaptitude dâorigine professionnelle
A travers un arrĂȘt rĂ©cent, la Cour de cassation fait quelques rappels sur le licenciement pour inaptitude dâorigine professionnelle (Cass. soc., 07 mai 2024, n°22-10.905) :
1/ Tout dâabord, la Cour rappelle que les rĂšgles protectrices applicables aux victimes d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle s’appliquent dĂšs lors que (i) l’inaptitude du salariĂ© a, au moins partiellement, pour origine cet accident ou cette maladie et (ii) que l’employeur avait connaissance de cette origine au moment du licenciement.
Tel Ă©tait le cas en lâespĂšce dĂšs lors que l’employeur savait que l’accident du travail Ă©tait Ă l’origine du premier arrĂȘt de travail du salariĂ© et que ce dernier n’avait jamais repris le travail depuis la date de l’accident jusqu’Ă la rupture du contrat.
2/ Ensuite, forte de cette conclusion, la Cour retient que l’inaptitude du salariĂ© Ă©tait d’origine professionnelle et que ce dernier pouvait, Ă ce titre, bĂ©nĂ©ficier dâune indemnitĂ© dâun montant Ă©gal Ă lâindemnitĂ© compensatrice de prĂ©avis.
Toutefois, elle rappelle que cette indemnitĂ© n’a pas la nature d’une indemnitĂ© de prĂ©avis et n’ouvre donc pas droit Ă congĂ©s payĂ©s.
3/ Enfin, la Cour Ă©voque les consĂ©quences de lâabsence dâinformation du salariĂ©, par lâemployeur, des motifs rendant impossible son reclassement (obligation dĂ©coulant de lâarticle L. 1226-12 du Code du travail, lorsque lâemployeur nâest pas dispensĂ© de lâobligation de rechercher un reclassement).
Elle vient ainsi prĂ©ciser que la mĂ©connaissance par l’employeur de cette obligation n’expose pas celui-ci aux sanctions prĂ©vues par l’article L. 1226-15 du Code du travail (qui renvoie lui-mĂȘme Ă lâarticle L. 1235-3-1 du Code du travail : « indemnitĂ©, Ă la charge de l’employeur, qui ne peut ĂȘtre infĂ©rieure aux salaires des six derniers mois »), mais le rend redevable d’une indemnitĂ© en rĂ©paration du prĂ©judice subi.
Autrement dit, le salariĂ© doit dĂ©montrer lâexistence dâun prĂ©judice et en justifier lâĂ©tendue pour bĂ©nĂ©ficier de dommages et intĂ©rĂȘts au titre de la violation par lâemployeur de son obligation de lâinformer des motifs rendant impossible son reclassement. Le prĂ©judice liĂ© Ă lâabsence dâinformation Ă©crite nâest plus automatique, complexifiant ainsi la tĂąche du salariĂ©.